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Magazine Diplomat Investissement - Redéfinir la diplomatie dans un monde en transformation

Redéfinir la diplomatie dans un monde en transformation

Redéfinir la diplomatie dans un monde en transformation

Miguel Ángel Moratinos, ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, a consacré sacarrière à la diplomatie. Actuellement Président d'honneur du Centre pour les relations internationales pour le développement durable, il a été tour à tour conseiller politique à Rabat, ambassadeur en Israël, et représentant spécial de l'UE pour le processus de paix au Moyen-Orient. Il livrait jeudi dernier devant le parterre de l'EGE de Rabat sa vision du rôle de diplomate dans un monde en transformation.

Le rôle du diplomate serait-il à notre époque réduit à sa portion congrue?

Partons d'une actualité récente venant du Yémen. Dans un entretien donné au Wall Street Journal, le diplomate marocain Jamal Benomar, ancien envoyé de l'ONU au Yémen, annonce qu'une résolution de paix était sur le point d'être signée entre les parties au conflit avant que les attaques aériennes saoudiennes de l'opération « Tempête de la fermeté » viennent torpiller les négociations.

M. Moratinos y verrait certainement les effets de la summit diplomacy, la nouvelle façon de traiter les résolutions de conflit au plus haut sommet en évinçant les diplomates de carrière. Si les diplomates sont évincés, la diplomatie l'est aussi. On fait en réalité primer la violence en première réponse et la reconstruction post-conflit en seconde. L'une des trois fonctions du diplomate est pourtant la négociation, rappelle Moratinos, pour trouver des solutions politiques et pacifiques aux défis qui opposent les Etats.

Comment le diplomate peut-il s'adapter aux nouveaux agendas - mmigration, terrorisme global - et aux nouvelles technologies des réseaux sociaux? La paix est-elle encore possible dans les zones du monde laminées par les conflits? Les réponses de Moratinos sont simples: la diplomatie a toujours été exercée, notre monde contemporain en a besoin plus que jamais, et celle-ci doit pouvoir se réinventer.

Les relations internationales ne se sont jamais passées de diplomatie

Magistral, M. Moratinos, débute sa conférence en rappelant que « de tout temps » la diplomatie a permis le rapprochement des Etats. En 2.500 ans avant JC, l'Empire des Hamazi, l'ancien Iran, et celui d'Ebla, actuellement la Syrie, avaient établi des rapports entre eux, un système diplomatique, des protocoles de non-agression et de commerce, édictés sur des petites statuettes frappées de lettres cunéiformes.

Les Romains établissent un codex pour établir les relations post-conflit, sur le partage des ressources financières.

Richelieu, définit au XVIIe siècle la notion de raison d'Etat qui donne un sens à la défense de la Nation.

Le Traité de Westphalie en 1648, remodèle l'Europe, et au sens de Kissinger, marque le point de départ des grands systèmes internationaux de nos jours.

Les modes diplomatiques changent et s'adaptent, mais l'importance de la négociation politique se fait plus vivement ressentir. Arrive le XXe siècle, siècle des guerres totales et les plus meurtrières, mais également celui des négociations, qui durent, impliquent les chefs d'Etat et désamorcent l'escalade de la violence.

Avant de se rendre à Paris pour la signature du Traité de Versailles, Woodrow Wilson réalise les changements qui s'opèrent dans le monde, et que les chefs d'Etat doivent proposer un nouvel agenda. Il présente le sien en 14 points, et pose des conditions préalables aux négociations.

Un nouveau mode diplomatique nait. Les négociations entre Wilson, Clémenceau et George durent 6 mois pour parvenir à la fin de la Première guerre mondiale. Aurait-on imaginé un Obama demeurer 6 mois à Bagdad pour sortir du conflit irakien?

Pendant la guerre froide, alors que les blocs américain et soviétique paraissent prêts au pire, les canaux diplomatiques parviennent à désamorcer l'escalade de violence. Il faudra 13 jours pour résoudre la crise des missiles et éviter la catastrophe nucléaire.

La diplomatie progresse envers et contre tout M. Moratinos semble ainsi nous dire quelque chose avec ce déroulé d'histoire : le monde a connu ses pires tourmentes aux siècles précédents, et la diplomatie n'a pourtant fait que progresser. Comment pourrait-on imaginer pouvoir aujourd'hui se passer de diplomatie?

A-t-on besoin de diplomatie dans le monde contemporain?

La diplomatie a donc avancé: du traité de Westphalie, où les rapports de force étaient la seule solution des relations internationales, au traité de Versailles, où l'on crée des institutions internationales pour prévenir les

conflits, jusqu'à la fin de la Seconde guerre mondiale avec la création des Nations Unies où l'on instaure un système de sécurité collective pour définir ensemble un monde prospère et de paix. A l'heure actuelle, alors qu'on devrait avancer d'un pas, on recule d'un pas en retournant à l'équilibre des forces. On détricote les institutions internationales et on les prive de leur rôle, et on laisse un groupe réduit de puissantes nations décider de l'avenir de tous.

Tous les grands projets de la communauté internationale ont été abandonnés, déplore le diplomate. Le pacifisme est un mot devenu honni. « Aujourd'hui, on est incapable de mettre un cessez-le-feu. Pendant la guerre de 6 jours ou celle du Kippour, l'ONU parvenait à poser un cessez-le-feu.» Aujourd'hui, les instances internationales parviennent-elles à négocier un cessez-le-feu en Syrie ou en Libye?

Quand on a une volonté politique, la diplomatie peut faire avancer des rapports impossibles entre deux Etats.

Le début d'année 2015 est marquée par la réconciliation d'ennemis historiques: les Etats-Unis et l'Iran, les Etats-Unis et Cuba. Alors que ces réconciliations paraissaient impossibles il y a encore quelques mois, il devient une normalité d'établir des relations apaisées.

Pour l'ancien ambassadeur, nous avons besoin plus que jamais d'une diplomatie, représentative, démocratique.

Les trois grandes fonctions du diplomate restent toujours valables:

-La fonction de représentation et de protection des représentés. Cette fonction demeure l'apanage des chancelleries étrangères.

-La fonction d'information et prévention. C'est également le rôle joué par le journaliste. Mais le diplomate doit livrer à son gouvernement une analyse plus élaborée, plus sophistiquée, qui donne du sens à son information.

-La 3e fonction au coeur du métier du diplomate, celle de négociation et de résolution de conflits. C'est précisément cette fonction qui est menacée.

Ces 3 éléments doivent être repensés dans un monde en changement.

La nouvelle diplomatie doit changer de méthode de travail « Nous travaillons avec des instruments du passé ». La réaction aux attentats du 11 septembre a été une réponse traditionnelle, la déclaration de guerre, contre un ennemi cette fois non défini. Les tentatives de repenser les modes diplomatiques et les instances internationales ont échoué. A la suite de la crise des subprimes, il était question de remettre à plat le fonctionnement du FMI et laisser plus de pouvoirs décisionnels aux nations émergentes. Ces débats n'ont abouti à rien.

Les diplomates ne se déplacent plus, les négociations s'opèrent à distance. Lorsqu'il y a déplacement, c'est en grande pompe, par les chefs d'Etat, accompagnés de leurs ministres qui assurent la « diplomatie économique ».

C'est ce que le diplomate espagnol appelle la summit diplomacy, qui ne laisse plus de place à l'expertise du diplomate de carrière. La diplomatie contemporaine doit être une dialectique entre la décision qui appartient au sommet et l'expertise apportée par les diplomates.

La guerre ou même la réponse sécuritaire et défensive ne peuvent plus être les instruments primordiaux de l'intervention dans les conflits. Cela concerne l'ensemble de l'agenda. Sur les questions contemporaines liées à l'immigration par exemple, l'approche sécuritaire prime dans la réponse apportée par l'UE. On prévoit le renforcement de Frontex, de la vigilance en mer et aux frontières, le contrôle militaire et même la possibilité d'attaques ciblées contre les embarcations présumées assurer le voyage de clandestins.

De la summit diplomcy à la drone diplomacy Mais il n'y a pas de diplomatie. Ou plutôt une drone diplomacy qui pourrait être approuvée par une résolution de l'ONU.

Il faut continuer à croire au rôle de la diplomatie, dans la coopération économique et la résolution de conflits.

Une grande partie des candidats à l'immigration clandestine ne sont-ils pas des réfugiés fuyant les zones de conflit syrien, libyen et érythréen, qui ont droit à la protection au sens de la convention de Genève?

Il faut construire la nouvelle diplomatie et croire que la négociation politique peut avoir une réalité. Chaque époque a connu ses défis, et la diplomatie s'est adaptée à ces nouveaux enjeux. Ces enjeux aujourd'hui ce sont l'immigration, le terrorisme global, mais également le changement diplomatique, la faim dans le monde, les cyber-attaques, et ils ont tous une réponse diplomatique.

La question du terrorisme et des cyber-attaques illustre comment la diplomatie doit s'adapter à un monde en transformation technologique. La lutte contre le terrorisme doit s'effectuer aussi sur le terrain des réseaux sociaux. Or, combien de ministères, combien d'ambassades s'informent des échanges sur Twitter ou Facebook? Moratinos oublie tout de même que les gouvernements américains et français se préparent à légaliser le stockage et contrôle des flux d'information échangés sur internet…

Le diplomate appelle aussi au réveil d'une conscience et d'une implication citoyennes, pour faire barrage au sursaut nationaliste et aux velléités belliqueuses. Nous devons nous interroger - « quel monde sommes-nous en train de bâtir ? » - et penser que les efforts persistants des diplomates aboutissent à des solutions.