États-Unis : Hillary Clinton, la candidate Marvel

Hillary Clinton a officialisé son entrée en lice dans la course à la Maison blanche. Annonce faite via un clip qui résume beaucoup de choses, et surtout sa propre perception d’elle-même, une femme qui a un truc à faire dans les 18 mois à venir : être présidente de la plus grande puissance de la planète. On ne vit pas dans le même monde...
Le réveil sonne. Robin secoue Batman : "Allez debout ! Il faut qu’on aille sauver le monde". Certains jours, c’est dur le métier de super-héros. Pour Hillary Clinton, c’est un peu pareil. Autour d’elle, il y a des millions d’Américains qui ont un truc important à faire, mais elle aussi les gars elle a un truc à faire : juste devenir présidente.
Forcément, on ne vit pas dans le même monde. Entre ceux qui se préparent à avoir un enfant, à se marier, à commencer un nouveau job de manutentionnaire, à la retraite, et Hillary qui avec un grand sourire faussement naïf explique qu'elle se prépare à être présidente, il y a un gap. La carte de la proximité est à double tranchant. C’est comme voir un milliardaire vous dire qu’il trouve que les logements sont hors de prix. Oui, mais on n’habite pas au même endroit !
Déjà dans le clip, une stratégie apparait. Celle du patchwork électoral. Et il y a en a pour tous. Famille, homos, lesbiennes, noirs, latinos (en espagnol), ouvriers, employés, retraités, citadins, ruraux... Une logique de sondeur. Comment faire une promesse à chacun pour agréger les électorats, les intérêts particuliers ? Le contraire du "yes WE can", "we" (nous), tous ensemble, campagne mobilisatrice d’une nation.
C’est le principal handicap d’Hillary Clinton. Donner envie. Barack Obama était apparu comme une bouffée d’air frais. Aujourd’hui, son bilan est mitigé. Mais après la tornade de la crise économique, la reprise arrive. Sauf qu’Hillary a quitté le gouvernement depuis 3 ans et, du coup, elle aura du mal à s’en prévaloir. Sans parler du charisme du style d’Obama, son entrain, sa capacité à mobiliser derrière lui des électeurs qui traditionnellement ne vont pas voter. C’était la clé de son succès. Un talent qui ne s’invente pas.
Hillary Clinton, elle, peut jouer la carte du sérieux et de la professionnelle de la politique. Mais qui dit pro dit expérimentée, au pouvoir depuis longtemps, en coulisses ou en première ligne. Du déjà vu quoi. L’attrait de la nouveauté ne marchera pas. Depuis 30 ans, les Américains ont toujours eu ou un Bush, ou un Clinton dans la course aux présidentielles.
Cette fois, c’est le couple qui se présente. Bill, qui a toujours la cote chez les militants démocrates, va faire campagne pour sa femme, combler les lacunes. À lui le show, à elle le froid. Lui l’esbroufe, elle le sérieux. Mais ensemble, la force de frappe est colossale. Deux présidents pour le prix d’un ! La campagne est budgétée à 2.5 milliards de dollars ! De quoi écraser dans l’œuf les prétendants à la primaire.
Si elle s’impose comme la candidate de son parti démocrate, Hillary Clinton s’engage pour un an et demi de campagne électorale. À 67 ans, et alors qu’elle est grand-mère depuis peu, avec une santé fragile, beaucoup s’interrogent sur sa capacité à tenir le choc dans ces campagnes de plus en plus frénétiques. De quoi être sur les rotules quand on entre dans le bureau ovale.